vendredi 26 octobre 2012

SFR et Bouygues engagent des plans d'économies




Le Monde.fr | 



La demande de "re-farming" émane de Bouygues Télécom, qui souhaiterait lancer sa 4G le plus rapidement possible.


La demande de "re-farming" émane de Bouygues Télécom, qui souhaiterait lancer sa 4G le plus rapidement possible. | AFP/DAMIEN MEYER

Journée chargée chez SFR et Bouygues Télécom : mardi 3 juillet, les directions générales des deux opérateurs de téléphonie français devaient formellementinformer les syndicats, lors de comités centraux d'entreprise, sur les plans d'économies qu'ils comptent mettre en place.

Les deux groupes veulent réagir face à une situation financière qui s'est dégradée depuis l'année dernière, en raison de l'arrivée de Free mobile sur le marché, au début de 2012. A priori, il n'y aura pas de licenciements secs, mais des départs négociés, un non-renouvellement des CDD des intérimaires et de certains contrats de sous-traitance.
Chez SFR, le "plan de transformation", présenté mardi à partir de 9 h 30, devraitconsister en un plan de départs volontaires, "avec des bonnes conditions de départ", indique une source proche du dossier. "Tout cela devra se négocier ultérieurement avec les syndicats", ajoute-t-elle.
"DOGMATISME"
Lors du précédent plan – au moment de la fusion de Neuf Cegetel et de SFR – les salariés n'avaient pu partir que s'ils avaient l'assurance d'avoir décroché un CDI après SFR. "Les gens sont impatients de connaître les conditions, certains pour partir", assure encore cette source. Le nombre de postes concernés pourraitosciller entre 500 et 1 000, sur un total de 10 000.
"Il y a déjà 350 postes non pourvus au sein de l'opérateur, et avec le turn-over naturel, on peut supprimer des centaines d'emplois sans trop de casse", veut encore croire cette source. "Le déménagement programmé du siège de LaDéfense (92) à Saint-Denis (93) pourrait aussi entraîner des départs",  suggère un industriel des télécommunications qui connaît bien le groupe.
Du côté des syndicats, par contre, on s'inquiète : "S'il n'y a pas suffisamment de candidats au départ, ce plan sera suivi d'un vrai plan social", craint Damien Bornerand, de la CGT.
Olivier Lelong, de la CFDT, dénonce du "dogmatisme". "Il y a plein d'endroits où cette société, SFR, est sous tension, où l'on manque de personnel, souligne-t-il.La masse salariale ne représente que 4,5 % du chiffre d'affaires. Même si on virait tout le monde, la société ne gagnerait pas beaucoup plus d'argent !"
MONTÉE EN GAMME
L'équipe de direction devrait aussi donner les grandes lignes de sa nouvelle stratégie pour contrer Free mobile. Il s'agirait de davantage polariser l'offre detéléphonie mobile. Avec une plus forte composante allant au "low cost" (des forfaits et des téléphones vendus sur Internet, presque pas de service client), et une montée en gamme des offres "premiums", ces forfaits avec subvention du terminal qui se vendent en boutique.
La logique est d'aller vers du vrai haut de gamme, avec un service client privilégié, pour justifier son différentiel de prix par rapport au "low cost". Sur le modèle des classes affaires et des classes économiques des compagnies aériennes.
Cette présentation intervient alors que SFR vient de perdre deux PDG d'un coup : Jean-Bernard Lévy, le président du directoire de Vivendi, la maison mère de SFR, qui assurait l'intérim à la tête de l'opérateur, et Michel Combes, qui devait leremplacer le 1er août.
M. Lévy a décidé de quitter le navire il y a une semaine. Il défendait une vision industrielle de la holding Vivendi (qui détient par ailleurs Canal +, les jeux vidéoActivision Blizzard, la major Universal Music).
Le président du conseil de surveillance de Vivendi, Jean-René Fourtou, a imposé ses vues : il veut que le périmètre de Vivendi change pour que son cours de Bourse remonte. C'est M. Lévy qui, au printemps, était allé convaincre Michel Combes, le patron de Vodafone Europe, de prendre la tête de SFR. Franck Esser, le PDG de l'opérateur, avait été évincé, à la suite des contreperformances de SFR.
La semaine dernière, quand M. Combes a appris que M. Lévy quittait Vivendi, il a également renoncé à aller chez SFR – et aurait retrouvé sa place chez Vodafone, assure un proche de la direction de Vivendi.
 Toujours est-il que c'est parce que M. Combes n'arrivait théoriquement que le 1eraoût que le plan de réduction des coûts de l'opérateur avait été programmé au début de juillet, et non en novembre, après les élections professionnelles, ce qui lui aurait pourtant donné davantage de chances d'être adopté par les syndicats.
"Le but était que M. Combes n'ait pas cette tâche désagréable à gérer", explique une source proche de la direction de Vivendi. La présentation du plan "de transformation" a été maintenue, malgré le départ de M. Lévy et la non-arrivée de M. Combes. Elle devrait être faite par Stéphane Roussel, le nouveau patron par intérim de SFR, l'ex-DRH de Vivendi.
"SFR est en ordre de marche, l'entreprise fonctionne, les équipes sont mobilisées. Ce plan, j'y ai aussi contribué, son ordre du jour a été maintenu", a expliqué M. Roussel lundi 2 juillet, en marge d'une conférence de presse organisée par l'opérateur et la RATP - SFR y a annoncé la disponibilité dans le métro de la 3G, et plus tard de la 4G.
RÉDUCTION DE LA VOILURE
Chez Bouygues Télécom, c'est mardi dans l'après midi que les syndicats devaientavoir davantage d'informations concernant le plan de réduction des coûts, de 300 millions d'euros, annoncé en mars. Là aussi, a priori, on n'attend pas de licenciements secs. Mais des précisions sur un plan de départs volontaires.
La direction de la filiale du groupe de BTP Bouygues pourrait aussi préciser la nouvelle stratégie de distribution du groupe. Elle réfléchit à réduire la voilure côté distribution : elle réfléchirait à supprimer une partie des "corners" Bouygues Télécom dans les grandes surfaces. Le groupe est en outre en train de renégocier le contrat de distribution avec la chaîne spécialisée Phone House.

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